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Rencontre avec Catherine Peythieu

Propos recueillis par Marie-Agnès LAMBERT,

Paru dans le HS Acropolis novembre 2019

 

La pratique des arts martiaux internes,

une voie de guérison et une voie spirituelle ?

 

Tai Chi Chuan, Qi Gong, méditation et yoga connaissent actuellement un succès grandissant auprès du public. Plus que des pratiques, ces techniques ne seraient-elles une voie de guérison et une voie spirituelle ? Catherine Peythieu pratique depuis de nombreuses années des arts martiaux dits internes. Quel sens donne-t-elle à ces pratiques ?

 

Revue Acropolis : Catherine, qu’est ce qui t’a amené à la pratique ?

 

Catherine Peythieu : Après vingt ans d’études philosophiques, les évènements de la vie m’ont amené à pratiquer le Qi Gong et le Tai Chi chuan, et à comprendre comment le mouvement peut devenir le reflet d’une pensée. Le principe du Yin et le Yang, dans la voie taoïste, peut être très intellectuel et conceptuel, mais dans un déroulé de mouvement, on se concentre sur ce déséquilibre de la centralité pour pouvoir toucher les transformations entre le Yin, le plein, le lourd et le Yang, le vide, le léger et l’actif.

C’est une quête, une vraie voie du Juste, de l’art d’ajuster les équilibres entre la pensée et l’action, entre ce qui est à l’intérieur et ce que l’on voit à l’extérieur. Les bons mouvements demandent des heures de travail et de patience. À un moment, quand se dégage quelque chose de juste dans le mouvement, c’est comme une bulle de petite extase et une toute petite théophanie. Cela me rappelle Fabienne Verdier (1), qui est partie en Chine pour apprendre la calligraphie auprès de maîtres chinois. Pendant deux ans, elle a dessiné des roseaux, jusqu’à ce que le maître qui la suivait lui dise : « je peux maintenant t’enseigner parce que ce que tu dessines n’est plus le roseau, tu es devenue le roseau toi-même ! ». J’ai découvert la pratique du Tai Chi Chuan et du Qi Gong dans cette même veine, par un maître pétri de taoïsme.

 

A. : Quels sont les objectifs des arts martiaux internes ?

 

C.P : Le Tai Chi Chuan et le Qi Gong sont des arts martiaux internes. Ils sont une autre voie que les arts martiaux externes dit de défense qui travaillent dans la rapidité et l’aspect musculaire et volontaire du mouvement.

Les arts martiaux internes font appel à la recherche de l’énergie intérieure et à tous ses potentiels de transformation qui vont se dégager dans le mouvement. Ils ont donc aussi un  objectif spirituel : alchimiser la matière, tendre à ce que le corps se spiritualise pour ne plus faire barrière à l’esprit. C’est un objectif atteint pour les grands initiés mais pas pour nous (rires). Ensuite, il y a une orientation dite martiale. Avec ce potentiel travaillé, tu peux l’appliquer aux combats. En clair, quand tu pratiques la boxe, tu renverses quelqu’un par un coup physique. Dans les martiaux internes, tu renverses quelqu’un par projection énergétique. Mais cette notion n’est pas bien comprise par l’Occident.

 

A. Y-a-t-il une autre application des arts martiaux internes ?

 

C.P. : Il y a une application médicale. Quand les plans inférieurs sont réajustés, la voie spirituelle est toute tracée. Le médical est l’antichambre de la voie spirituelle. Les bouddhistes l’ont très bien compris avec la méditation Pleine Conscience, pensée pour faire un lien entre le corps et l’esprit.

 

A. Quels sont les effets médicaux du Tai Chi Chuan et du Qi Gong ?

 

C.P. : Les formes sournoises des maladies du XXIe siècle sont dispersion, déperdition, stress, fatigue nerveuse, manque d’identité...

Le Tai Chi Chuan et le Qi Gong amènent, entre autres, à trouver du calme en soi, à dissoudre les émotions négatives, parce que ces pratiques s’appuient sur la concentration du mental. Le « Yi » est l’intention que l’on donne au mouvement. Mon maître dit toujours que dans un mouvement il y a 20% de technique, 80% d’intention … C’est ce que les chinois appellent « relier l’esprit ».

La première application du Qi Gong est de trouver son axe de centralité. Petit à petit ça nous amène à apprendre à contrôler la circulation de l’énergie, qui influe sur tous les plans de la personnalité (les émotions, les idées circulaires, les blocages énergétiques) et à partir de là, on est centré et plus à même de savoir qui l’on est. Ca changera notre manière de s’asseoir, de se déplacer et de penser les choses et l’univers. Le Yoga hindou et autres pratiques orientales amènent à ce même résultat.

 

A.  Et pour le Tai Chi Chuan ?

 

C.P. : On parle davantage d’effet médical du Qi Gong mais pour le Tai Chi Chuan il y a aussi des applications médicales. Le Qi Gong travaille sur la racine alors que le Tai Chi Chuan développe le mouvement dans l’espace (danse cosmique à travers un centre, dans les 4 dimensions de l’espace en lien avec la Terre et Ciel) et oblige à avoir déjà une bonne centralité. On propose toujours de commencer par le Qi Gong. Quand l’énergie est bien contrôlée, on peut aborder le Tai Chi Chuan. Mais certaines personnes préfèrent commencer par le Tai Chi Chuan. C’est plus long mais c’est possible. Le mouvement lent réhabilitera une sérénité, une centralité et un calme.

 

A. : Comment cela s’est passé pour toi ?

 

C.P. : J’ai commencé par une pratique de Qi Gong avec des applications médicales. J’étais atteinte d’une maladie que les médecins ne savaient pas soigner. Après une première journée de pratique, j’allais beaucoup mieux et en pratiquant ensuite, j’ai mesuré les bienfaits sur moi. J’ai été fascinée, et je me suis formée. En l’enseignant, j’ai vu plein de petits « miracles » apparaître auprès de mes élèves : diminution du stress, de migraines, de crampes, de maux d’estomac, des maux de dos et problèmes de peau, pour n’en citer que quelques uns. Ce sont des petits maux au quotidien que l’on peut relier en général à un manque de rapport à soi. On court après des chimères, on s’oublie, on est dans une quête extérieure, mais le corps exprime l’intelligence divine de nous rappeler à nous-même.

 

A. : Toutes ces pratiques corporelles ramènent donc à l’objectif de la centralité, comme la vie spirituelle. Ne sont-elles donc pas complémentaires ?

 

C.P. : Pour moi, le Tai Chi Chuan et le Qi Gong ne sont pas des pratiques complémentaires. Ce sont des exercices spirituels à part entière, si on les prend dans le sens où je l’ai décrit. Ils exigent une visualisation, une concentration, un libre accès à sa respiration.

 

A. Et pour la méditation, y-a-t-il des effets sur la santé ?

 

C.P. : J’ai été formée à la méditation par une école du Wudang, taoïste. Elle se caractérise par la capacité de visualisation très riche. Bien évidemment il y a la centralité et la concentration. Selon la légende, les médecins taoïstes qui n’ont jamais pratiqué la dissection, mais ont une connaissance du corps par un ressenti et une visualisation très fine. Ils ont donné une cartographie précise du corps humain, la fameuse représentation du Temple des nuages blancs, dans laquelle l’humain est vu comme un paysage. Le foie est vu comme une forêt, la rate comme une vaste cour de terre jaune, les yeux sont Lune et Soleil. C’est très poétique mais c’est très réel. La médecine chinoise s’exprime en poésie (Cf « Le Livre de la Cour Jaune » (2)). La méditation taoïste nous apprend à être dans son corps tout en se reliant à une vision cosmique du corps. Elle active la circulation de l’énergie dans les méridiens d’acupuncture et va jusqu’à la régénération des os et des moelles. J’ai compris, à travers ces arts du corps, que la production et la projection d’images pouvaient nous soigner.

 

A. : Faut-il beaucoup de travail pour arriver à une pratique correcte de méditation taoïste ?

 

C.P. : La grande sagesse de ces pratiques est de n’attendre aucun résultat mais de laisser les choses se faire tout simplement et naturellement. C’est une question de concentration, de patience et d’amour. C’est une voie « sèche » car pas facile et aride.

 

A. : Quel message aurais-tu à transmettre ?

 

C.P. : Pour moi c’est une conviction. Le monde dans lequel on est, a grandement besoin de ces pratiques qui ont été pensées pour l’évolution de l’humanité, dans des temps différents où les gens vivaient dans la nature, où les pratiques étaient des voies spirituelles à part entière. Aujourd’hui, avec le métro, le stress, les attentats terroristes, le bruit, le vacarme intérieur... ces pratiques restent valables car elles s’adressent à ce qui est universel et atemporel dans l’homme. Mais c’est irrévérencieux et irrespectueux de n’en prendre que la technique au détriment d’une juste pensée. C’est comme si on fait du yoga sans philosophie indienne ou du Qi Gong sans philosophie chinoise. Il s’agit d’une philosophie de vie pour ne pas parler d’une quête spirituelle. Ces pratiques nous ont été données comme des arts complets, une réponse pour tous les temps.

 

(1) Lire article sur Fabienne Verdier, La passagère du silence, dix ans d'initiation en Chine dans revue Acropolis N° 186 (Janvier-Février 2005)

 

(2) Classique taoïste des IVe-Ve siècles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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